Morts conjugales
Posté : 23 nov.05, 02:13
Jusqu'à présent, les violences au sein du couple étaient plus l'objet de polémiques que de statistiques. Une enquête inédite sur les meurtres entre conjoints livre des chiffres. Impressionnants
Toujours la même histoire, et jamais la même. L'amour à mort. Ou, plus exactement, la conjugalité à mort. Un père de famille qui assassine les siens avant de se donner la mort, un «amoureux» qui, comme Bertrand Cantat, tue sa compagne d'une volée de gifles ou d'un coup de poing trop appuyé ou, plus rarement, une femme qui réplique à son conjoint en se jetant sur lui, un couteau à la main.
Jusqu'à maintenant, il était impossible de réfléchir et d'enquêter sérieusement sur ces faits divers, faute de statistiques. Pour la première fois ont été recensés tous les cas de décès liés à des violences conjugales, commises par un conjoint, un concubin ou un ex. Pour la première fois, on dispose, sur un sujet qui souvent prête à polémique faute de définition précise, de chiffres implacables. Le résultat est impressionnant. En France métropolitaine, une femme meurt tous les quatre jours de violences au sein du couple. Et un homme tous les seize jours. 1 décès sur 10 est le fruit de coups portés sans intention de donner la mort. Ces homicides concluent souvent, dans 2 cas sur 3, un cycle de cauchemar conjugal: 1 femme sur 2 subissait déjà des violences, pour 1 homme sur 5. Quant aux meurtriers, ils avaient eux-mêmes essuyé des coups dans le passé: c'est le cas de 1 femme auteur sur 2, et de 1 homme sur 15.
Ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité, Catherine Vautrin s'est appuyée sur cette enquête inédite pour défendre au Conseil des ministres du 23 novembre - deux jours avant la journée de l'ONU contre les violences faites aux femmes - un ensemble de mesures destinées à prévenir un phénomène d'autant plus mal mesuré jusqu'ici qu'il fluctue d'une année sur l'autre. Les données réunies par le commandant de police Maryvonne Chaplain portent sur 211 décès survenus en deux ans (10% des morts violentes), dont 135 en 2003 et 77 en 2004.
La moitié de ces violences mortelles ont frappé après 18 heures, et près de 45% en janvier, mai, juin ou octobre. La précarité sociale est un facteur de risque: dans 1 cas sur 4, auteur et victime étaient sans profession et, dans 2 cas sur 3, l'un des conjoints l'était. Moyenne d'âge: entre 41 et 45 ans. La jalousie est un aiguillon majeur dans 22% des cas, comme la drogue (9%), les médicaments (8%) et l'alcool (31%). Plus que les femmes, les hommes tuent dans les affres d'une séparation. Et ils sont plus nombreux à se donner la mort ensuite (23% pour 7% des femmes).
Toujours la même histoire, et jamais la même. L'amour à mort. Ou, plus exactement, la conjugalité à mort. Un père de famille qui assassine les siens avant de se donner la mort, un «amoureux» qui, comme Bertrand Cantat, tue sa compagne d'une volée de gifles ou d'un coup de poing trop appuyé ou, plus rarement, une femme qui réplique à son conjoint en se jetant sur lui, un couteau à la main.
Jusqu'à maintenant, il était impossible de réfléchir et d'enquêter sérieusement sur ces faits divers, faute de statistiques. Pour la première fois ont été recensés tous les cas de décès liés à des violences conjugales, commises par un conjoint, un concubin ou un ex. Pour la première fois, on dispose, sur un sujet qui souvent prête à polémique faute de définition précise, de chiffres implacables. Le résultat est impressionnant. En France métropolitaine, une femme meurt tous les quatre jours de violences au sein du couple. Et un homme tous les seize jours. 1 décès sur 10 est le fruit de coups portés sans intention de donner la mort. Ces homicides concluent souvent, dans 2 cas sur 3, un cycle de cauchemar conjugal: 1 femme sur 2 subissait déjà des violences, pour 1 homme sur 5. Quant aux meurtriers, ils avaient eux-mêmes essuyé des coups dans le passé: c'est le cas de 1 femme auteur sur 2, et de 1 homme sur 15.
Ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité, Catherine Vautrin s'est appuyée sur cette enquête inédite pour défendre au Conseil des ministres du 23 novembre - deux jours avant la journée de l'ONU contre les violences faites aux femmes - un ensemble de mesures destinées à prévenir un phénomène d'autant plus mal mesuré jusqu'ici qu'il fluctue d'une année sur l'autre. Les données réunies par le commandant de police Maryvonne Chaplain portent sur 211 décès survenus en deux ans (10% des morts violentes), dont 135 en 2003 et 77 en 2004.
La moitié de ces violences mortelles ont frappé après 18 heures, et près de 45% en janvier, mai, juin ou octobre. La précarité sociale est un facteur de risque: dans 1 cas sur 4, auteur et victime étaient sans profession et, dans 2 cas sur 3, l'un des conjoints l'était. Moyenne d'âge: entre 41 et 45 ans. La jalousie est un aiguillon majeur dans 22% des cas, comme la drogue (9%), les médicaments (8%) et l'alcool (31%). Plus que les femmes, les hommes tuent dans les affres d'une séparation. Et ils sont plus nombreux à se donner la mort ensuite (23% pour 7% des femmes).