9 mai 2023
Les autorités arméniennes du Karabagh ont lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle fasse pression sur l’Azerbaïdjan en vue de rétablir l’approvisionnement en électricité depuis l’Arménie, alors que la grande retenue d’eau qui alimente la principale centrale hydroélectrique du territoire arménien soumis à un blocus depuis bientôt cinq mois s’assèche à un rythme préoccupant. L’Azerbaïdjan, qui resserre son étau sur le Karabagh depuis qu’il en a organisé le blocus le 12 décembre dernier en chargeant de prétendus manifestants écologistes azéris de bloquer le corridor de Latchine, unique axe routier reliant le territoire contesté à l’Arménie, contrôle la section de ligne à haute tension par laquelle l’Arménie approvisionne le Karabagh en électricité.
Le régime de Bakou a coupé le courant sur cette ligne le 9 janvier, provoquant des pénuries d’électricité dans le Karabagh au cœur de l’hiver, et aggravant la crise humanitaire à laquelle font face les quelque 120 000 Arméniens qui s’y trouvent assiégés. Les autorités du Karabagh ont répondu à cette mesure de Bakou en imposant une réduction drastique de la consommation d’énergie et en provoquant des coupures quotidiennes de courant. La population du Karabagh ne peut en effet plus compter que sur l’électricité générée par les six centrales hydroélectriques locales, qui ne répondaient avant le blocus qu’à moins d’un tiers de la consommation d’électricité du territoire arménien.
En remportant la victoire dans la guerre du Karabagh de l’automne 2020, l’Azerbaïdjan a en outre pris le contrôle de larges portions de territoires jusque-là contrôlés par les Arméniens, et a ainsi pu avoir aussi le contrôle de la plus grande partie des ressources hydriques du Karabagh, qu’il peut réguler selon sa convenance, aux dépens des centrales hydroélectriques locales. Celles-ci étaient pourtant d’autant plus sollicitées que les autorités de Bakou ont coupé dans le même temps l’approvisionnement en gaz du Karabagh depuis l’Arménie. L’état actuel du réservoir de Sarsang, la plus grande retenue d’eau située dans le district septentrional de Martakert, témoigne de la situation hydrique et énergétique dramatique dans laquelle se trouve le Karabagh. Ce réservoir est une précieuse source d’alimentation en eau pour les principales centrales hydroélectriques du Karabagh.
Les images satellites prises en janvier et en avril, telles qu’elles ont été publiées par le premier ministre du Karabagh, Gurgen Nersisian, ce weekend, montrent clairement le déficit hydrique du réservoir de Sarsang, qui s’est réduit de plus de moitié en raison de la ponction intensive de ses eaux, et ce, malgré la fonte des neiges qui aurait dû l’alimenter en cette saison. “Actuellement, les ressources en eau de Sarsang ont atteint le seuil critique de quelque 88 millions de mètres cubes (environ 15 % de la capacité totale), autrement dit elles approchent le volume ‘mort’ (inutilisable) qui est de 70 millions de mètres cubes ”, a précisé Nersisian dans son message sur Facebook. “Cette situation ne constitue pas seulement un risque pour ce qui concerne l’approvisionnement en électricité de la population de l’Artsakh et l’aggravation de leurs souffrances quotidiennes, mais elle aura aussi un impact négatif sur l’environnement ”, a ajouté le premier ministre, en mettant en garde contre une “catastrophe humanitaire ” au Karabagh. Nersisian a indiqué que la communauté internationale devrait prendre les “mesures immédiates pour que l’Azerbaïdjan renonce à un tel comportement, moyen-âgeux, terroriste et cruel ”.
Les Etats-Unis, l’Union européenne et la Russie ont régulièrement appelé l’Azerbaïdjan à mettre un terme à son blocus qui provoque aussi de graves pénuries de denrées alimentaires, de médicaments et autres biens de première nécessité. Bakou a ignoré ces appels, affirmant ne pas exercer de blocus. L’Azerbaïdjan a franchi un nouveau palier pourtant dans le durcissement de ce blocus en installant le 23 avril un checkpoint sur le corridor de Latchine. La partie arménienne n’a pu que condamné cette nouvelle mesure, en la dénonçant comme une autre violation manifeste des termes de l’accord de cessez-le-feu conclu entre Arméniens et Azéris le 9 novembre 2020 sous l’égide de la Russie qui avait mis un terme à six semaines d’une guerre sanglante.
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InfoHay1915
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