ZOMBIE
Posté : 16 sept.05, 21:17
http://www.lemonde.fr/web/article/0...1-627391,0.html
"Abou Moussab Al-Zarkaoui est mort. Son nom est utilisé par les occupants pour rester en Irak"
Sheikh Jawad Al-Khalessi est imam chiite de la mosquée Al-Kazemiya, à Bagdad, et doyen de l'école religieuse attenante. Il est de passage à Paris après la rencontre interreligieuse de Sant'Egidio, à Lyon.
Abou Moussab Al-Zarkaoui a déclaré la "guerre totale" aux chiites et perpétré le massacre le plus sanglant à Bagdad, mercredi 14 septembre, depuis le début de la guerre en Irak. Que pensez-vous de cette déclaration ?
Je ne pense pas qu'Abou Moussab Al-Zarkaoui existe en tant que tel. C'est seulement une invention des occupants pour diviser le peuple car il a été tué dans le nord de l'Irak au début de la guerre alors qu'il se trouvait avec le groupe d'Ansar Al-Islam, dans le Kurdistan. Sa famille, en Jordanie, a même procédé à une cérémonie après sa mort. Abou Moussab Al-Zarkaoui est donc un jouet utilisé par les Américains, une excuse pour poursuivre l'occupation. C'est un prétexte pour ne pas quitter l'Irak.
Mais pourquoi déclarer la "guerre totale" aux chiites ?
Afin de les rapprocher des forces d'occupation. De cette manière, les chiites vont trouver refuge auprès des Américains plutôt que de rejoindre la résistance. Car les chiites participent à la résistance au sud, comme en témoignent les récents attentats commis, notamment, à Bassora.
Pourtant, il vient d'être annoncé que Nadjaf était passée sous le contrôle des forces irakiennes et que d'autres villes du Sud allaient suivre ?
Ce n'est pas vrai. C'est juste un effet d'annonce pour les médias. En réalité, les forces irakiennes ne contrôlent pas la situation et les troupes d'occupation restent à la périphérie pour intervenir dès qu'il y a des problèmes.
Le projet de Constitution adopté sera soumis à un référendum le 15 octobre. Qu'en pensez-vous ?
C'est un texte adopté à la hâte pour répondre à l'agenda des Américains. Il ne reflète pas les espoirs du peuple irakien, qui est plus préoccupé par sa survie au jour le jour et sa sécurité. Le projet a été concocté dans la "zone verte", à Bagdad, sous la houlette de l'ambassadeur américain. Comme l'a dit un spécialiste britannique de l'Irak : "La Constitution, c'est comme si on s'occupait de ranger les transats sur le pont du Titanic en train de couler" . Or l'Irak est en train de sombrer.
Le référendum sera-t-il un succès, comme l'ont été les élections du 30 janvier ?
Personnellement, j'appelle au boycottage, mais si mes concitoyens décident d'aller voter "non", nous ne nous y opposerons pas. De toute façon, -George- Bush a déja préparé sa déclaration affirmant que cette consultation a été un succès et un progrès sur le chemin de la démocratie. Mais qu'est-ce que cela va changer pour l'Irak ?
Quelle est la position du grand ayatollah Ali Al-Sistani sur ce référendum ?
Il n'a pas encore pris position. Ceux qui sont en faveur du processus vont tenter de l'utiliser pour inciter la population à voter. Il peut dire "oui" ou ne pas parler. Pour le 30 janvier, il avait soutenu les élections, mais le peuple irakien n'en pas tiré les effets escomptés et les promesses n'ont pas été tenues. Depuis, la situation n'a fait qu'empirer. Ceux qui ont été élus sont plus préoccupés par leur place et par leur bien-être que par celui du peuple. La corruption est généralisée. Même le budget de la reconstruction n'a pu commencer à être réalisé.
Ibrahim Al-Jaafari est un mauvais premier ministre comme il est un mauvais docteur. Ce n'est pas comme votre Pétain, qui a été un bon général avant d'être un mauvais politicien...
Alors, à votre avis, quelles sont les solutions pour sauver l'Irak ?
Première chose : un calendrier de retrait des troupes. Deuxièmement : mettre les compétences nationales sous la supervision de l'ONU au service du pays, et non plus des politiciens. Troisièmement : un dialogue national avec l'organisation d'élections sous supervision internationale. Si l'occupation continue, la situation ne va qu'empirer et les irakiens rejoindront de plus en plus la résistance.
Propos recueillis par Michel Bôle-Richard
"Abou Moussab Al-Zarkaoui est mort. Son nom est utilisé par les occupants pour rester en Irak"
Sheikh Jawad Al-Khalessi est imam chiite de la mosquée Al-Kazemiya, à Bagdad, et doyen de l'école religieuse attenante. Il est de passage à Paris après la rencontre interreligieuse de Sant'Egidio, à Lyon.
Abou Moussab Al-Zarkaoui a déclaré la "guerre totale" aux chiites et perpétré le massacre le plus sanglant à Bagdad, mercredi 14 septembre, depuis le début de la guerre en Irak. Que pensez-vous de cette déclaration ?
Je ne pense pas qu'Abou Moussab Al-Zarkaoui existe en tant que tel. C'est seulement une invention des occupants pour diviser le peuple car il a été tué dans le nord de l'Irak au début de la guerre alors qu'il se trouvait avec le groupe d'Ansar Al-Islam, dans le Kurdistan. Sa famille, en Jordanie, a même procédé à une cérémonie après sa mort. Abou Moussab Al-Zarkaoui est donc un jouet utilisé par les Américains, une excuse pour poursuivre l'occupation. C'est un prétexte pour ne pas quitter l'Irak.
Mais pourquoi déclarer la "guerre totale" aux chiites ?
Afin de les rapprocher des forces d'occupation. De cette manière, les chiites vont trouver refuge auprès des Américains plutôt que de rejoindre la résistance. Car les chiites participent à la résistance au sud, comme en témoignent les récents attentats commis, notamment, à Bassora.
Pourtant, il vient d'être annoncé que Nadjaf était passée sous le contrôle des forces irakiennes et que d'autres villes du Sud allaient suivre ?
Ce n'est pas vrai. C'est juste un effet d'annonce pour les médias. En réalité, les forces irakiennes ne contrôlent pas la situation et les troupes d'occupation restent à la périphérie pour intervenir dès qu'il y a des problèmes.
Le projet de Constitution adopté sera soumis à un référendum le 15 octobre. Qu'en pensez-vous ?
C'est un texte adopté à la hâte pour répondre à l'agenda des Américains. Il ne reflète pas les espoirs du peuple irakien, qui est plus préoccupé par sa survie au jour le jour et sa sécurité. Le projet a été concocté dans la "zone verte", à Bagdad, sous la houlette de l'ambassadeur américain. Comme l'a dit un spécialiste britannique de l'Irak : "La Constitution, c'est comme si on s'occupait de ranger les transats sur le pont du Titanic en train de couler" . Or l'Irak est en train de sombrer.
Le référendum sera-t-il un succès, comme l'ont été les élections du 30 janvier ?
Personnellement, j'appelle au boycottage, mais si mes concitoyens décident d'aller voter "non", nous ne nous y opposerons pas. De toute façon, -George- Bush a déja préparé sa déclaration affirmant que cette consultation a été un succès et un progrès sur le chemin de la démocratie. Mais qu'est-ce que cela va changer pour l'Irak ?
Quelle est la position du grand ayatollah Ali Al-Sistani sur ce référendum ?
Il n'a pas encore pris position. Ceux qui sont en faveur du processus vont tenter de l'utiliser pour inciter la population à voter. Il peut dire "oui" ou ne pas parler. Pour le 30 janvier, il avait soutenu les élections, mais le peuple irakien n'en pas tiré les effets escomptés et les promesses n'ont pas été tenues. Depuis, la situation n'a fait qu'empirer. Ceux qui ont été élus sont plus préoccupés par leur place et par leur bien-être que par celui du peuple. La corruption est généralisée. Même le budget de la reconstruction n'a pu commencer à être réalisé.
Ibrahim Al-Jaafari est un mauvais premier ministre comme il est un mauvais docteur. Ce n'est pas comme votre Pétain, qui a été un bon général avant d'être un mauvais politicien...
Alors, à votre avis, quelles sont les solutions pour sauver l'Irak ?
Première chose : un calendrier de retrait des troupes. Deuxièmement : mettre les compétences nationales sous la supervision de l'ONU au service du pays, et non plus des politiciens. Troisièmement : un dialogue national avec l'organisation d'élections sous supervision internationale. Si l'occupation continue, la situation ne va qu'empirer et les irakiens rejoindront de plus en plus la résistance.
Propos recueillis par Michel Bôle-Richard