MASSACRES !!
Posté : 13 juil.05, 23:16
N'oublions pas...
OUZBÉKISTAN Après les massacres survenus le 13 mai
L'ONU évalue à plusieurs centaines les morts d'Andijan
Genève : Aude Marcovitch
[14 juillet 2005]
Que s'est-il réellement passé le 13 mai dernier dans la ville ouzbeke d'Andijan ? La répression d'une rébellion armée conduite par des «terroristes islamistes», comme le proclament les autorités de cette république d'Asie centrale, ou une tuerie organisée qui a fait des centaines de victimes, dont une majorité de civils ?
Après le rapport d'une mission d'experts, l'ONU a pour la première fois pris position sur les événements d'Andijan, en les qualifiant de massacre. Le bilan des morts varie entre 200 et 700 victimes. Peu après les événements, le haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Louise Arbour, avait transmis une demande d'enquête internationale au président ouzbek Islam Karimov. Une requête restée lettre morte. C'est donc dans les camps de réfugiés ouzbeks installés au Kirghizstan voisin, que les envoyés spéciaux de Louise Arbour ont récolté le récit des témoins oculaires.
Depuis l'ouverture du procès en février de vingt-trois entrepreneurs accusés de liens avec une organisation islamiste, l'atmosphère est lourde dans la petite république. Ce procès cristallise en effet les oppositions au régime de Karimov, en place depuis 1991. Parmi les contestataires rassemblés quotidiennement sur la place principale d'Andijan, se mêlent islamistes prêts à prendre le pouvoir, et population fatiguée de l'autoritarisme et des répressions.
Dans la nuit du 12 au 13 mai, les choses basculent soudain. Les manifestants, jusque-là pacifiques, attaquent la prison de la ville et libèrent des prisonniers. Au matin, entre 2 000 et 3 000 personnes sont présentes sur la place centrale d'Andijan. Mais cette fois, les soldats ouzbeks les attendent de pied ferme. Des salves sporadiques atteignent la foule, faisant plusieurs dizaines de morts. En milieu d'après-midi, alors que la foule est encore dense, la situation va soudain virer au massacre.
Vers 17 heures, les tirs se font plus fréquents et plus organisés. Des fusillades provenant de trois côtés de la place forcent les gens à fuir par la seule issue restée accessible. Tous se trouvent pris dans une embuscade : au fond de la rue, des véhicules barrent le passage. Alors, les tirs reprennent de plus belle. Des témoins rapportent qu'en cherchant à s'échapper, les gens courent sur les corps jonchant le sol. Des tireurs isolés abattent ceux qui se sont cachés derrière les arbres. D'autres témoins voient un véhicule blindé rouler sur les victimes.
Après la parution du rapport, Louise Arbour a réitéré son appel à l'envoi d'une enquête internationale sur place. De plus, elle a plaidé pour qu'un moratoire soit imposé sur le rapatriement des demandeurs d'asile ouzbeks et que les familles des victimes soient dédommagées. En début de semaine, les autorités d'Andijan ont fait état d'un bilan officiel de 187 morts, dont «94 terroristes et 57 civils».