Le gouvernement turc veux rétablir la prison pour l'adultère
Posté : 17 sept.04, 08:26
ANKARA, 4 sept (AFP) - Adultère: L'Etat va-t-il retourner dans la chambre conjugale ?
Le gouvernement turc souhaite rétablir prochainement l'adultère comme un délit passible d'une peine de prison mais cette initiative très controversée dans un pays candidat à l'adhésion à l'Union européennea provoqué une levée de boucliers des milieux pro-laïques.
L'article sur l'adultère figure dans une vaste réforme du code pénal que le parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, au pouvoir, souhaite faire adopter.
Le but avoué de cette réforme est d'accroître les chances du pays d'avoir un feu vert des dirigeants européens, en décembre, pour l'amorce des négociations d'adhésion au club européen, avec notamment de nouvelles dispositions réprimant la torture et élargissant les libertés individuelles.
Mais la question sur les relations sexuelles extraconjugales a supplanté toutes les autres questions et défrayé la chronique en Turquie, pays musulman mais au régime strictement laïque.
Les organisations féminines et les milieux pro-laïques ont crié au scandale accusant le gouvernement de retourner à ses racines pro-islamistes et d'atteinte à la vie privée alors que le pays a encore beaucoup à faire pour assurer une véritable égalité entre hommes et femmes, réclamée par l'UE.
"C'est un retour en arrière en ce qui concerne les critères européens. Cette disposition existe uniquement dans les pays où il y a la charia", abolie après la création en 1924 de la République de Turquie par Mustafa Kemal Ataturk, estime l'avocate Senel Sarihan.
Elle se dit convaincue que l'UE ne pourra accepter une telle loi "rétrograde".
"De quoi je me mêle, l'Etat n'a rien à voir dans ma chambre à coucher", déclare à l'AFP Lebibe Taskin, une enseignante en retraite de 55 ans. Elle rappelle que le code civil réprime déjà l'adultère en le considérant comme une cause de divorce. "Pourquoi alors insister pour le remettre dans le code pénal", s'interroge-t-elle.
Selon le projet de réforme, qui doit être débattu à partir du 14 septembre au parlement, l'adultère sera réintroduit dans le code pénal avec une peine de prison --pour les deux sexes-- dont la durée doit encore être définie par les députés.
La Cour constitutionnelle turque avait aboli en 1996 des dispositions du code portant sur l'adultère, les estimant contraires à l'égalité des sexes.
Une femme qui trompait son mari était passible de six mois à trois ans de prison, même s'il s'agissait d'un épisode unique, alors que, pour punir un homme, il fallait prouver qu'il avait une maîtresse régulière. Dans ce cas, il pouvait lui aussi se voir infliger une peine de six mois à trois ans de prison.
L'AKP souhaite pour des "raisons sociales" que l'adultère soit de nouveau considéré comme un délit. "Il y a une demande de la société en ce sens", a récemment affirmé le ministre de la Justice Cemil Cicek, dont le parti dispose d'une large majorité à l'Assemblée.
"Nous voulons préserver les valeurs familiales. Si la famille s'effrite, le pays s'écroulera", a déclaré vendredi soir le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lors d'une émission télévisée, reprenant un argument souvent utilisé par les milieux ultra-conservateurs en Turquie.
Reste que, dans un pays où la polygamie, tolérée par le mariage religieux, reste encore une pratique assez répandue, surtout dans les zones rurales, il sera difficile d'appliquer une telle loi.
citation internet: http://www.la-croix.com/afp/index.jsp?d ... rubId=1295
Le gouvernement turc souhaite rétablir prochainement l'adultère comme un délit passible d'une peine de prison mais cette initiative très controversée dans un pays candidat à l'adhésion à l'Union européennea provoqué une levée de boucliers des milieux pro-laïques.
L'article sur l'adultère figure dans une vaste réforme du code pénal que le parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, au pouvoir, souhaite faire adopter.
Le but avoué de cette réforme est d'accroître les chances du pays d'avoir un feu vert des dirigeants européens, en décembre, pour l'amorce des négociations d'adhésion au club européen, avec notamment de nouvelles dispositions réprimant la torture et élargissant les libertés individuelles.
Mais la question sur les relations sexuelles extraconjugales a supplanté toutes les autres questions et défrayé la chronique en Turquie, pays musulman mais au régime strictement laïque.
Les organisations féminines et les milieux pro-laïques ont crié au scandale accusant le gouvernement de retourner à ses racines pro-islamistes et d'atteinte à la vie privée alors que le pays a encore beaucoup à faire pour assurer une véritable égalité entre hommes et femmes, réclamée par l'UE.
"C'est un retour en arrière en ce qui concerne les critères européens. Cette disposition existe uniquement dans les pays où il y a la charia", abolie après la création en 1924 de la République de Turquie par Mustafa Kemal Ataturk, estime l'avocate Senel Sarihan.
Elle se dit convaincue que l'UE ne pourra accepter une telle loi "rétrograde".
"De quoi je me mêle, l'Etat n'a rien à voir dans ma chambre à coucher", déclare à l'AFP Lebibe Taskin, une enseignante en retraite de 55 ans. Elle rappelle que le code civil réprime déjà l'adultère en le considérant comme une cause de divorce. "Pourquoi alors insister pour le remettre dans le code pénal", s'interroge-t-elle.
Selon le projet de réforme, qui doit être débattu à partir du 14 septembre au parlement, l'adultère sera réintroduit dans le code pénal avec une peine de prison --pour les deux sexes-- dont la durée doit encore être définie par les députés.
La Cour constitutionnelle turque avait aboli en 1996 des dispositions du code portant sur l'adultère, les estimant contraires à l'égalité des sexes.
Une femme qui trompait son mari était passible de six mois à trois ans de prison, même s'il s'agissait d'un épisode unique, alors que, pour punir un homme, il fallait prouver qu'il avait une maîtresse régulière. Dans ce cas, il pouvait lui aussi se voir infliger une peine de six mois à trois ans de prison.
L'AKP souhaite pour des "raisons sociales" que l'adultère soit de nouveau considéré comme un délit. "Il y a une demande de la société en ce sens", a récemment affirmé le ministre de la Justice Cemil Cicek, dont le parti dispose d'une large majorité à l'Assemblée.
"Nous voulons préserver les valeurs familiales. Si la famille s'effrite, le pays s'écroulera", a déclaré vendredi soir le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lors d'une émission télévisée, reprenant un argument souvent utilisé par les milieux ultra-conservateurs en Turquie.
Reste que, dans un pays où la polygamie, tolérée par le mariage religieux, reste encore une pratique assez répandue, surtout dans les zones rurales, il sera difficile d'appliquer une telle loi.
citation internet: http://www.la-croix.com/afp/index.jsp?d ... rubId=1295