La violence est elle innée dans l’Homme, et certains comportements violents ramènent-ils celui-ci à l’animalité ? L’agressivité est-elle un instinct primaire ?
L’humanité s’est interrogée depuis l’origine des temps sur le pourquoi de la violence. La haine, l’intolérance, l’esprit de rivalité suscitent trop souvent des comportements destructeurs... Les fondateurs de la Psychanalyse ont même avancé qu’elle pouvait être une source de plaisir et de jouissance morbides (destrudo).
On s’est entre-tué « au nom de Dieu », au nom de l’idée qu’on se faisait de la Liberté, de la Nation, de la Religion, pour un symbole, un drapeau, une terre, en vertu des grands principes, parfois d’un signe en forme de croix, de lune, de soleil, de croissant, d’étoile... tant la haine, l’intolérance, la xénophobie peuvent revêtir toutes les formes et bien des manifestations perverses.
La Civilisation, la Religion, la Culture ont agi ensemble ou séparément pour canaliser, détourner ou réprimer les comportements agressifs ; on ne peut, de bonne foi, accuser la Religion de prôner l’agression ni la violence.
Le discours simplificateur et réducteur sur les religions est trop souvent semé d’erreurs et d’idées fausses. Des mythes d’exclusion et des fantasmes fonctionnent ; des peurs irraisonnées empêchent de réfléchir et de comprendre pourquoi il en est ainsi, et pourquoi ces angoisses nées de l’obscurité des temps génèrent des blocages et des phobies devenant elles-mêmes des sources secondaires inépuisables d’agressivité et de violence.
L’histoire des religions est une science précieuse et nécessaire pour la compréhension du message religieux, du développement de la pensée religieuse, parfois du simple sens d’un verset.
La pédagogie en matière religieuse doit apprendre à faire abstraction des préjugés, des clichés et d’imaginaires diabolisant une race, une communauté, une religion. A propos de l’Islam, on peut constater par exemple l’émergence quasi obsessionnelle de la séquence : « Islam Intégrisme Violence ».
La position de l’Islam sur la violence ressortit à son dogme, à ses Lois : « Les criminels (violents) se reconnaîtront à leurs traits » (Coran : Arrahmane (Le Miséricordieux) 55-41). « Par l’époque ! L’ Homme est dans la perdition, sauf ceux qui croient et pratiquent la vertu... » (S. 113 - l’Epoque). L’Islam, religion d’adoration de Dieu, d’amour du prochain et de tolérance, d’une manière générale interdit le meurtre ainsi qu’il est dit dans le Coran :
« Eloignez-vous des péchés abominables, apparents ou cachés, ne tuez personne injustement, Dieu vous l’a interdit ». Les animaux (VI-151).
« Dieu veut vous faciliter les choses, car Il sait que l’homme a été créé faible. O Croyants ne vous dépossédez pas les uns les autres, et ne vous tuez pas vous-mêmes.
Dieu est plein de compassion pour vous » (Coran : IV - 28-29).
De nombreux versets V. - 30, 32 XVII - 33, XXXV-68, 27-49, 28-15 condamnent la violence.
C’est dans la sourate V. 30 (La Table) qu’est rappelé le fratricide d’Abel par Caïn : « Son âme l’incita à tuer son frère. Il le tua ! et il devint du nombre des perdants ».
Le verset 32, de la même sourate, rappelle un des fondements de l’humanisme de l’Islam. Il est dit : « ... Quiconque tue une personne non coupable de meurtre ou de dépravation sur terre, fait comme s’il avait tué tout le genre humain. « Quiconque sauve une personne, c’est comme s’il faisait don de la vie à toute l’humanité ».
Dans la sourate XVII - 33 (AL ISRA) il est prescrit : « ... Ne détruisez point la vie que Dieu a rendue sacrée... »
L’homicide volontaire d’un croyant promet au meurtrier un châtiment éternel : Coran (Annissâ : les femmes (IV - 93) : « ... Celui qui tue volontairement un croyant aura pour rétribution l’Enfer éternel. Dieu le frappe de son courroux, le maudit, et lui prépare un terrible châtiment. »
La Jurisprudence (FIQH) a longuement analysé ce verset, et y voit l’assimilation du meurtre d’un croyant à un péché irrémissible majeur, condamnant éternellement son auteur au même titre que les péchés que Dieu ne pardonne pas : le Polythéisme, le faux témoignage, les crimes (cf. « Le licite et l’illicite dans l’Islam »).
L’injustice et la violence sont également dénoncées dans l’Islam : V - 2 (AL-MAIDA La Table Servie) « Entraidez-vous dans les bonnes oeuvres et la piété, et ne vous entraidez pas dans le péché et l’agressivité ! »
La religion musulmane ne peut servir de fondement à la violence ou à l’action punitive, si elle n’est justifiée par la légitime défense proportionnée, - Coran 16-90 AN NAHL (les Abeilles) : « En vérité Dieu ordonne l’équité et le bien, la générosité envers les proches, il interdit la turpitude, la mauvaise action et la rébellion... Peut être réfléchirez-vous ».
La notion de « rébellion » prend son sens théologique du fait qu’elle apparaît comme une violence liée à l’utilisation disproportionnée et excessive du droit à la légitime défense. Il s’agit là donc, d’un crime par outrance et transgression de la Loi. Cette notion est définie dans les aspects juridiques d’application de cette Loi (Sharîa) dans les cas caractérisés :
- De rébellion par rapport à un ordre établi et consensuel
(IJMA’).
- De refus de soumission à l’autorité de l’Etat légitime.
- Enfin de violence perpétrée contre les biens, les personnes,
les institutions, sans avoir recouru aux voies du droit et de la
justification.
Un tel crime est condamné, il peut être gravement sanctionné y compris par la peine capitale. En temps de guerre, le Cadi-Al-Harb (Juge de Guerre) est chargé de dire la Loi, la sentence et son application (HUKM WA TATBIQ WA TANFIZ).
La condamnation de l’agression violente injustifiée dans l’Islam est appuyée cependant sur une constance incitation à l’entente parmi les croyants à la Paix, à la Tolérance, et au Pardon :
Coran (49 - 9) (Al Houjourât Les Appartements) : « Si deux groupes de croyants se combattent, rétablissez la paix entre eux ! »
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« La sanction qu’appelle un mal est un mal identique... » (16-125) (Annahl : Les Abeilles). Si une agression se paie par une agression identique, le consensus admet cependant la possibilité de rachat du crime dans une codification admise.
Le rachat du sang est la Diyya. Cette diyya, prix du sang peut être payée en substitution du THAR (Vengeance) pour arrêter le processus de vendetta en offrant à la famille de la victime :
- Soit une demande publique de pardon
- Soit une réparation par un dédommagement matériel ou financier.
- Et toute convention proposée.
Rien n’oblige les ayant-droits à les accepter ; mais le Coran recommande : « ... S’ils inclinent à la Paix, incline vers celle-ci (La Paix) et place ta confiance en Dieu ». II - 61 (Al-Baqara). Et; « Si vous les excusez (vos ennemis), si vous passez sur leurs fautes et leur pardonnez, sachez que Dieu est très pardonneur, l’éprouvée » (S. 64 - 14).
Cette recommandation s’étend aux représentants des autres religions : (16-125) Annahl (Les Abeilles) : « Par la Sagesse et la bonne exhortation appelle les Gens sur la voie de ton Seigneur et ne discute avec eux que de la manière la plus courtoise ». Dans tous les cas, Dieu recommande aux croyants de renoncer aux représailles et de pardonner : « Celui qui pardonne et s’amende trouvera sa récompense auprès de son Seigneur » (16-126 Annahl : Les Abeilles).
Le Prophète de l’Islam (SAWS) a lui-même fait exemple dans l’histoire, lorsqu’en 630, entrant victorieux à la Mecque, prononça sa célèbre déclaration d’amnistie pour ses anciens ennemis : « Qui entre dans la Kaaba sera sauf, qui entre dans la Mosquée sacrée sera sauf, et qui entre dans la demeure d’Abou Sofyan (son plus farouche ennemi) sera également sauf... »
Très généralement l’Islam condamne la perturbation de la paix sociale, la sédition (ou AL FITNA), le désordre. Le Coran et la Sunna sont fertiles en recommandations aux musulmans d’éviter les dangers de la FITNA. L’histoire a retenu la gravité de la Grande FITNA, ou scission entre Ali et Moâwiya (bataille de Ciffine en 657) puis entre Ali et les Khâridjites (en 658), enfin naissance du Chiisme après la mort de son fils Hussein, tombé en martyr à la bataille de KERBALA en 680.
En effet, c’est seulement en cas d’attaque que l’autorisation de riposter a figuré dans l’histoire et la théologie de l’Islam sous le nom de JIHAD (mineur) : II - 90 (AL-BAQARA : La Vache) « Combattez dans la voie de Dieu ceux qui vous combattent mais n’agressez personne, Dieu n’aime pas les injustes ».
C’est durant l’Hégire ou émigration du Prophète à Médine, de 622 à 632, que des versets coraniques (souvent cités) ont autorisé les premiers croyants persécutés par les gens de la Mecque, à se défendre contre eux ou à les combattre. Coran (XXII - 39- 40) (AL HAJJ, Le Pèlerinage).
« Permission de se défendre est donnée à ceux qui ont été attaqués parce qu’ils ont été persécutés. Dieu est Omnipotent pour les secourir ainsi que ceux qui ont été injustement chassés de leurs maisons et cru en leur Seigneur ! »
Faisant sienne cette position doctrinale de l’Islam en matière de violences, le cinquième sommet de la Conférence Islamique Mondiale a exprimé son inquiétude et son angoisse devant les montées de la violence dans le monde, en décrétant que « les actes violents ou meurtriers non légitimés par l’agression constituent une violation des préceptes de l’Islam,
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religion de paix qui n’a jamais exercé ou prôné la violence ». Du reste dans toute guerre est désigné un cadi-al-Harb pour faire respecter les principes de l’Islam dans tous les cas. C’est une institution de l’Islam pour éviter qu’une guerre puisse dégénérer.
Je cite un auteur tunisien contemporain Missaoui Mohamed qui dans un écrit de 1991 indique « certains mouvements islamistes dans le monde qui n’avaient pas de doctrine claire relativement à l’usage de la violence comme moyen politique ont pris position en la récusant comme moyen de lutte politique » et ils rappellent que des musulmans eux-mêmes sont victimes de violence et d’intolérance dans le monde.
En conclusion, la Polémologie moderne ne peut retenir au débit de l’Islam, l’image que le Professeur BRUNO Etienne dénonce dans son analyse de « l’Islamisme Radical », (1987) où il dit : « Terrorisme, Fanatisme sont des mots magiques qui vont de pair dans l’anxiogénéité occidentale lorsqu’il s’agit de l’Orient surtout musulman, obscurantiste, extrémiste et intégriste. En toute justice, Monsieur Etienne BRUNO cite plus loin un texte référé à l’Evangile, tiré d’un sermon de MUNTZER (P. 328) :
« Le Christ ne dit-il pas : Je ne suis venu pour apporter la paix,
mais l’épée ? Mais qu’allez-vous (princes saxons) en faire ?
L’employer à supprimer et à anéantir les méchants qui font
obstacle à l’Evangile, si vous voulez être de bons serviteurs de
Dieu. Le Christ a très solennellement ordonné (Saint Luc,
19, 27) : Saisissez-vous de mes ennemis et étranglez-les devant
mes yeux... Ne vous objectez pas ces fades niaiseries que la
puissance de Dieu le fera sans le secours de votre épée ;
autrement dit, elle pourrait se rouiller dans le fourreau. Car ceux
qui sont opposés à la révélation de Dieu, il faut les exterminer
sans merci, de même qu’Ezéchias, Cyrus, Josias, Daniel et Elie
ont exterminé les prêtres de Baal. Il n’est pas possible autrement
de faire revenir l’Eglise Chrétienne à son origine. Il faut arracher
les mauvaises herbes des vignes de Dieu à l’époque de la
récolte. Dieu a dit (Moïse, 5 - 7) :
« Vous ne devez pas avoir pitié des idolâtres. Détruisez leurs
autels, brisez leurs images et brûlez-les, afin que mon courroux
ne s’abatte pas sur vous ! » Citez par BRUNO Etienne,
l’Islamisme radical, 1987 - PARIS.
« Aucune religion n’est plus tolérante que l’Islam », s’exclame VIRGIL Gheorgiu, dans sa « vie du Prophète ».
La violence est parmi les choses que Dieu réprouve le plus, comme péchés irrémissibles. Elle ne se justifie qu’en cas d’agression. « Point de contrainte en Religion » (II - 256 : Al Baqara : La Vache). Il ne peut être question de convertir qui que ce soit par la féroce.
Ceci fonde la Tolérance de l’Islam dès ses débuts vis à vis des autres cultes. On retrouve cette même vérité au concile de Vatican II (1964), qui reconnaît l’existence d’autres religions monothéistes, nommément l’Islam, et recommande le dialogue.
En tout état de cause, le progrès pacifique et tolérant de l’humanité passe par le perfectionnement moral et intellectuel de chaque individu : Coran (XIII - 11 Ar-Ra’d : Le Tonnerre) : « Dieu ne modifiera l’état d’un peuple que lorsque les individus qui le composent auront changé en eux-mêmes ». Ceci est valable pour toute l’humanité.
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Un autre verset coranique précise que la diversité des peuples ne doit les inciter qu’à se reconnaître mutuellement. Coran (49 - 13 : Al Hujurât : Les Appartements) : « Humains ! Nous vous avons créés d’un Homme et d’une Femme et avons fait de vous des peuples et des tribus afin seulement que vous vous reconnaissiez ».
Cette reconnaissance mutuelle fonde dans l’Islam l’égalité de tous les êtres humains, en les incitant à la Tolérance, au Dialogue et à la Paix sociale et universelle.
WA ASSALAM.
Je voudrais citer ces lignes de Voltaire tirées de son « Traité sur la Tolérance. Elles sont bien connues comme « Prière en Dieu » :
« Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger, fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos [ATTENTION Censuré dsl] corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution...
« ... Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant ». Voltaire, Traité de la Tolérance CH. XXIII.
de la tolérence de la violence da l'ISLAM
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Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
de la tolérence de la violence da l'ISLAM
Ecrit le 21 févr.10, 13:00- spin
- [ Croyances ] Panthéisme
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Re: de la tolérence de la violence da l'ISLAM
Ecrit le 22 févr.10, 03:24Thomas Müntzer était un révolutionnaire fanatique et massacreur du temps de Luther.chegdali a écrit :Monsieur Etienne BRUNO cite plus loin un texte référé à l’Evangile, tiré d’un sermon de MUNTZER (P. 328) :
.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_M%C3%BCnzer
à+
De quel droit refuserions-nous de faire usage du plus grand don de Dieu ? N'est-ce pas un formidable blasphème que de croire contre la raison ? (Vivekananda)
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