A l'origine du renouveau religieux anglo-saxon du XVIIIème siècle, grande figure du protestantisme, il est pourtant mal connu des Français.
Né en Angleterre en 1703, mort en 1791, il " enjambe le siècle des Lumières ", comme dit Bernard Cottret. Au lendemain de sa mort paraissait une première biographie dont le titre est significatif : Vie du Révérend John Wesley, dans laquelle on trouvera la relation du grand réveil religieux qui s'est produit en Europe et en Amérique, et dont il a été le principal instigateur.
On attache son nom au Méthodisme, mais pas plus que Luther ou Calvin il ne souhaita fonder une nouvelle Eglise. Il voulut seulement réformer l'Eglise anglicane à laquelle il appartenait, jugeant son clergé trop apathique et mondain pour pouvoir réveiller chez les fidèles un sentiment religieux assoupi. Il fut " méthodiste " dans le sens où, lorsqu'il était étudiant à Oxford, il appliqua une discipline stricte à sa vie et à sa piété, observant avec une même rigueur les règles de l'Université et les préceptes de la Bible. L'Ecriture fut pour lui et les étudiants pieux qui partageaient son idéal le seul critère sur lequel régler leur conduite. Mais la vie d'un clergyman de la haute Eglise ne satisfaisait pas son exigence morale et religieuse et il décida de partir évangéliser les sauvages.
L'expérience américaine fut un échec. Au lieu d'apporter la bonne parole aux indiens, il se retrouva en Géorgie pasteur de paroisse et, en plus, découvrit qu'il avait confondu dévotion et foi, ce qui le rendit misérable. Il résolut alors de revenir en Angleterre. La rencontre avec des frères Moraves, avec lesquels il discuta de ses problèmes, changea le cours de sa vie. Un jour, comme Luther avant lui, il passa " des ténèbres à la lumière ". Sa " conversion " fut soudaine : il éprouva un choc aussi imprévisible qu'éclatant. Méthodique, il nota le jour et l'heure : " Le 24 mai 1734 à 9 heures moins le quart, écrit-il, je sentis une chaleur étrange s'emparer de mon cœur ". Sa route était maintenant tracée.
Vint le temps du Grand réveil. Wesley ne retraversa pas l'Océan, mais il se mit à prêcher un peu partout, en plein air, avec, en toile de fond, l'Eglise primitive. Il fit des émules et la première société méthodiste fut fondée en 1739. En Amérique, grâce à un de ses disciples, George Whitefield, le " méthodisme " se développa rapidement. Benjamin Franklin, qui imprima ses sermons, rapporte : " Le changement produit dans les manières de nos habitants a été merveilleux. Ils avaient été indifférents. Soudain, il semblait que tous fussent devenus religieux, et l'on ne pouvait plus se promener le soir dans la ville, (Philadelphie) sans entendre, dans chaque rue, des psaumes chantés par plusieurs familles ". Les méthodistes menèrent une action systématique d'évangélisation auprès des populations nouvelles, combattirent l'esclavage, et sont à l'origine des grandes croisades morales du XIXème siècle contre la prostitution et l'alcoolisme.
A cette époque, le mouvement méthodiste avait pris son indépendance de l'Eglise anglicane. La rupture avait eu lieu en 1784, lorsque Wesley fit reconnaître son Eglise en lui fournissant un guide théologique et en léguant ses écrits à une oligarchie de cent prédicateurs qui régna sur le méthodisme jusqu'en 1932. Si en Angleterre le méthodisme connut un sérieux déclin au XXème siècle, aux Etats-Unis il est une des plus puissantes dénominations.
Peut-on parler de doctrine théologique wesleyenne ? Wesley se réclama sans ambages des théories d'Arminius qui soutint que l'être humain ne pouvait être entièrement dépossédé de son libre arbitre, et qu'il è avait une part de responsabilité dans son salut. Il relativisa donc l'affirmation du salut par la grâce seule et rejeta catégoriquement la doctrine de la prédestination : " Je ne peux croire, écrit-il, en une élection inconditionnelle, non seulement parce que je ne la trouve pas dans l'Ecriture, mais aussi parce que, entre autres considérations, elle implique une réprobation inconditionnelle ". La doctrine de la prédestination lui semblait d'autant moins acceptable qu'elle était contraire au bonheur et Wesley demeura toujours persuadé que Dieu voulait le bonheur de l'homme.
Il insista sur la rectitude morale et le respect strict du Jour du Seigneur, condamna la promiscuité sexuelle, les boissons alcooliques et l'esclavage, les jurons et blasphèmes. Des sociétés pieuses jaillirent du chaudron du méthodisme tant en Angleterre qu'en Amérique : il s'agissait de prier ensemble, de s'exhorter mutuellement et d'aider son prochain. On ne saurait s'étonner que des rangs du Méthodisme sortit William Booth, fondateur de l'Armée du Salut.
Autre apport du méthodisme : les hymnes magnifiques dont une partie sont l'œuvre de Charles Wesley, frère de John. Des cantiques vifs, entraînants, suscitant l'émotion, qui ont été écrits dans un but pédagogique. Dans la préface du recueil, John Wesley explique : " Il n'est pas trop gros, de façon à éviter l'encombrement ou un prix élevé [...], il est suffisant pour receler toutes les vérités essentielles de notre sainte religion, qu'elles soient spéculatives ou pratiques ; bien plus, elles trouvent ici leur illustration comme leur confirmation, par le recours à l'Ecriture et à la raison "(1) Du côté de l'Ancien Testament dominent les textes prophétiques et poétiques ; du côté du Nouveau Testament, les épîtres et l'apocalypse l'emportent sur les évangiles.
Liliane Crété
(1) Cité dans : Bernard Cottret, Histoire de la réforme protestante, Paris, Perrin, 2001, p. 262.
[Luthérien] John WESLEY
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Ecrit le 30 mai07, 08:38-
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