Je ne souviens...

[Nickie]

Je me souviens

Julie Parent

collaboration spéciale, La Presse

Les choses ont bien changé depuis l'époque où les églises étaient pleines, où chacun avait son chapelet et son missel, des articles qui faisaient parfois même partie de la liste de matériel scolaire obligatoire, se souvient Claude Denis, propriétaire de Bertrand Foucher Bélanger.

À Montréal, on pouvait se procurer des objets de piété dans une vingtaine de commerces, estime Gabriel Robitaille, de la maison Desmarais et Robitaille, située dans le Vieux-Montréal.

Tout cela a un peu basculé dans les années 60, avec la Révolution tranquille, bien sûr, mais aussi à la suite du concile Vatican II (1962-65), sous Jean XXIII et Paul VI. L'Église catholique a notamment voulu amorcer un virage vers une plus grande sobriété, ce qui devait passer par un dépouillement matériel.

«Il y a eu un certain mouvement iconoclaste, j'ai vu littéralement des statues rentrer dans le mur; on les a coupées, rapprochées du mur, peinturées», se souvient Michel Campbell, professeur à la faculté de théologie de l'Université de Montréal. Un bouleversement qu'illustre Louis Rousseau, professeur au département d'études religieuses à l'UQAM : «Tout un statuaire qui était là au début des années 60 avait largement disparu au milieu des années 70.»

«D'un point de vue commercial, cela n'a pas été très bon», souligne Gabriel Robitaille. Après le Concile, la maison Desmarais et Robitaille a dû fermer son atelier de statues. Mais tout n'était pas perdu. À l'époque, la Ville de Montréal récupérait des matériaux divers afin d'ériger les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène. «Des moules, des statues et des parties de statues de saints sont allés remplir un coin des îles!» s'exclame Gabriel Robitaille. On chercherait en vain un symbole plus éloquent.