[Protestant] Luthériens et réformés d'une seule voix
Posté : 13 mai06, 08:58
Luthériens et réformés d'une seule voix
Dimanche 7 mai, un très chaleureux culte solennel a célébré la création d’une nouvelle institution englobant les deux principales Églises protestantes des trois départements
C’est à une union en grande pompe qu’un millier de protestants d’Alsace et de Moselle ont assisté dimanche 7 mai en l’église Saint-Thomas, à Strasbourg : celle de l’Église de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine (Ecaal : les luthériens, majoritaires dans cette région) et de l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine (Eral : les réformés, de tradition calviniste, minoritaires).
Près de cinquante ans après leurs premiers rapprochements, les deux Églises ont fêté leur décision de ne plus parler désormais que d’une seule voix, et ce au sein d’une nouvelle et troisième institution : l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), « chargée de conduire des actions communes et de resserrer les liens entre les deux Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine », selon les termes du décret paru le 19 avril, terre concordataire oblige, au Journal officiel.
L’événement était attendu avec une véritable joie par la plupart des 300 000 membres des deux Églises. Par manque de place, seuls deux représentants de chacune des 260 paroisses réformées et luthériennes des trois départements, ainsi que des délégations des 135 œuvres, associations, aumôneries et mouvements liés aux Églises pouvaient prendre place dans l’église, les autres étant invités à fêter ce grand jour dans leurs paroisses.
Une fanfare, puis de chants puissants
À Strasbourg, l’atmosphère est solennelle quand les 60 membres des assemblées représentatives pénètrent dans Saint-Thomas, qui résonne d’une fanfare, puis de chants puissants. « Nos deux Églises protestantes remplissent leur mission quand ensemble elles font briller clairement la même lumière », affirment plus tard Jean-François Collange, président du directoire de l’Ecaal, et Jean-Paul Humbert, président du conseil synodal de l’Eral, dans un message commun. « Nos deux Églises ne prétendent pas être les seules étoiles dans l’univers, ni les plus brillantes. Elles veulent simplement participer à l’effort commun des uns et des autres pour apporter plus de clarté à un monde en quête de repères », poursuivent-ils.
Prédicateur du culte d’union, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, a assuré aux protestants d’Alsace et de Moselle « combien nous, de la France de l’intérieur, nous attendons de l’ouverture qui est la vôtre », tandis que Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg, a transmis « la joie des catholiques ». « Toute manifestation d’unité qui se déploie entre membres d’un corps rejaillit sur l’ensemble du corps », a-t-il insisté. «C’est une grande fête. L’État se réjouit chaque fois que le vouloir vivre ensemble progresse», s’est félicité François Loos, ministre de l’industrie, représentant le gouvernement.
Une telle modification de l’organisation des cultes est en effet un événement rare, elle est le fruit d’un long cheminement. Après l’approbation des membres des deux Églises (lire La Croix du 24 novembre 2004), le dernier aval, celui du ministère de l’intérieur, a été obtenu le 18 avril dernier, quand Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont signé un décret modifiant celui de 1852 sur l’organisation des cultes protestants dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
L’assemblée commune remplacée par l’assemblée de l’Union
L’organisation précédente, qui comptait déjà de nombreux services communs, comme la communication, la catéchèse, ou encore certaines aumôneries, n’est guère modifiée, l’assemblée commune étant remplacée par l’assemblée de l’Union, et le conseil commun par un conseil de l’Union, qui existe sous forme restreinte et élargie.
Principale nouveauté : ils comprendront un tiers de membres de l’Eral, contre la moitié auparavant, ce qui devrait permettre de dégager des majorités plus facilement, donc de prendre davantage de décisions et de positions publiques. Le président de l’Union, élu par l’assemblée, portera la voix des « luthéro-réformés » d’Alsace et de Moselle, selon l’expression désormais employée par les présidents de ces Églises. Quant aux pasteurs, ils ne sont plus considérés comme appartenant à l’une ou l’autre Église, mais sont désormais « pasteurs de l’Union ».
Les paroisses, elles, restent administrativement rattachées à l’une des deux Églises, dont les finances demeurent distinctes. On est donc encore loin de la fusion. Pour cette raison, mais aussi parce que l’on n’a pas profité du changement de nom pour corriger l’appellation «d’Alsace et de Lorraine » par «d’Alsace et de Moselle», plus juste géographiquement, mais moins porteuse de sens historique, l’union apparaît à certains, dans les deux Églises, inaboutie.
Une disposition du décret autorise à faire encore évoluer cette organisation par la voie du règlement intérieur. Mais, loin d’un projet administratif, c’est bien un seul but qui est poursuivi : être plus forts, ensemble, pour faire face à une même désertification des églises, et porter le message de l’Évangile.
Élise DESCAMPS, à STRASBOURG
Dimanche 7 mai, un très chaleureux culte solennel a célébré la création d’une nouvelle institution englobant les deux principales Églises protestantes des trois départements
C’est à une union en grande pompe qu’un millier de protestants d’Alsace et de Moselle ont assisté dimanche 7 mai en l’église Saint-Thomas, à Strasbourg : celle de l’Église de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine (Ecaal : les luthériens, majoritaires dans cette région) et de l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine (Eral : les réformés, de tradition calviniste, minoritaires).
Près de cinquante ans après leurs premiers rapprochements, les deux Églises ont fêté leur décision de ne plus parler désormais que d’une seule voix, et ce au sein d’une nouvelle et troisième institution : l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), « chargée de conduire des actions communes et de resserrer les liens entre les deux Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine », selon les termes du décret paru le 19 avril, terre concordataire oblige, au Journal officiel.
L’événement était attendu avec une véritable joie par la plupart des 300 000 membres des deux Églises. Par manque de place, seuls deux représentants de chacune des 260 paroisses réformées et luthériennes des trois départements, ainsi que des délégations des 135 œuvres, associations, aumôneries et mouvements liés aux Églises pouvaient prendre place dans l’église, les autres étant invités à fêter ce grand jour dans leurs paroisses.
Une fanfare, puis de chants puissants
À Strasbourg, l’atmosphère est solennelle quand les 60 membres des assemblées représentatives pénètrent dans Saint-Thomas, qui résonne d’une fanfare, puis de chants puissants. « Nos deux Églises protestantes remplissent leur mission quand ensemble elles font briller clairement la même lumière », affirment plus tard Jean-François Collange, président du directoire de l’Ecaal, et Jean-Paul Humbert, président du conseil synodal de l’Eral, dans un message commun. « Nos deux Églises ne prétendent pas être les seules étoiles dans l’univers, ni les plus brillantes. Elles veulent simplement participer à l’effort commun des uns et des autres pour apporter plus de clarté à un monde en quête de repères », poursuivent-ils.
Prédicateur du culte d’union, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, a assuré aux protestants d’Alsace et de Moselle « combien nous, de la France de l’intérieur, nous attendons de l’ouverture qui est la vôtre », tandis que Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg, a transmis « la joie des catholiques ». « Toute manifestation d’unité qui se déploie entre membres d’un corps rejaillit sur l’ensemble du corps », a-t-il insisté. «C’est une grande fête. L’État se réjouit chaque fois que le vouloir vivre ensemble progresse», s’est félicité François Loos, ministre de l’industrie, représentant le gouvernement.
Une telle modification de l’organisation des cultes est en effet un événement rare, elle est le fruit d’un long cheminement. Après l’approbation des membres des deux Églises (lire La Croix du 24 novembre 2004), le dernier aval, celui du ministère de l’intérieur, a été obtenu le 18 avril dernier, quand Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont signé un décret modifiant celui de 1852 sur l’organisation des cultes protestants dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
L’assemblée commune remplacée par l’assemblée de l’Union
L’organisation précédente, qui comptait déjà de nombreux services communs, comme la communication, la catéchèse, ou encore certaines aumôneries, n’est guère modifiée, l’assemblée commune étant remplacée par l’assemblée de l’Union, et le conseil commun par un conseil de l’Union, qui existe sous forme restreinte et élargie.
Principale nouveauté : ils comprendront un tiers de membres de l’Eral, contre la moitié auparavant, ce qui devrait permettre de dégager des majorités plus facilement, donc de prendre davantage de décisions et de positions publiques. Le président de l’Union, élu par l’assemblée, portera la voix des « luthéro-réformés » d’Alsace et de Moselle, selon l’expression désormais employée par les présidents de ces Églises. Quant aux pasteurs, ils ne sont plus considérés comme appartenant à l’une ou l’autre Église, mais sont désormais « pasteurs de l’Union ».
Les paroisses, elles, restent administrativement rattachées à l’une des deux Églises, dont les finances demeurent distinctes. On est donc encore loin de la fusion. Pour cette raison, mais aussi parce que l’on n’a pas profité du changement de nom pour corriger l’appellation «d’Alsace et de Lorraine » par «d’Alsace et de Moselle», plus juste géographiquement, mais moins porteuse de sens historique, l’union apparaît à certains, dans les deux Églises, inaboutie.
Une disposition du décret autorise à faire encore évoluer cette organisation par la voie du règlement intérieur. Mais, loin d’un projet administratif, c’est bien un seul but qui est poursuivi : être plus forts, ensemble, pour faire face à une même désertification des églises, et porter le message de l’Évangile.
Élise DESCAMPS, à STRASBOURG