Si la Soka Gakkai est une société religieuse internationale dont le modèle de gouvernance est féodal à l’instar de la majorité des associations cultuelles françaises, et qu’elle est dirigée sous le contrôle idéologique du consistoire mondial soka de Tokyo, elle pratique vis à vis de ses adeptes des méthodes d’accompagnement dans la foi héritées de la tradition nippone imprégnées d’une certaine étroitesse d’esprit, et se refuse à tout évolution en ce qui concerne sa méthodologie psychologique de "l’aide à la personne" : c’est un des aspects de son sectarisme doctrinaire.
Au sein de l’organisation, du niveau d’une réunion de discussion locale jusqu’au niveau international, existe un ensemble de fonctions de responsables bouddhiques officiels, et de ministres du culte (en France), en charge de l’accompagnement des croyants dans leur évolution spirituelle au travers d’encouragements personnels, de sessions d’études, de réunions de discussions (ouvertes au public non bouddhiste), de préparations et d’animations de séminaires de pratique et d’étude, jusqu’aux tâches de gestions et d’administrations courantes dans une association.
Les responsables bouddhiques officiels et les ministres du culte sont des personnes choisies en fonction de leur engagement soutenu dans les activités officielles, de leur foi : leurs résultats concrets – la transformation de leurs souffrances et le dépassement de leurs limites, leur compréhension relative de la doctrine et leur persévérance dans l’étude via la lecture des publications officielles, ainsi que pour leur loyauté et leur dévouement aux buts de l'organisation.
Leurs problématiques individuelles chroniques et non résolues, leurs divers troubles psychologiques et psychosomatiques inhérents à la vie contemporaine, leurs origines sociales, ethniques, culturelles, ne sont pas pris en compte car ils ne sont pas considérés comme des obstacles pour accompagner et conseiller les autres croyants dans leur foi. C’est leur désir de progresser et d’évoluer qui compte, ainsi que celui de développer leur altruisme.
Aucun responsable officiel ne reçoit de vraie formation à l’aide à la personne. La doctrine de la Soka Gakkai considère que sa "formation" est induite par sa participation aux activités de l’organisation et par ses expériences existentielles en lien avec la pratique cultuelle. Il n’est pas envisagé d’instaurer un cursus spécialisé à la responsabilité bouddhique, par crainte, entre autre, de former une espèce d’élite spirituelle laïque qui pourrait posséder un savoir particulier avec ses risques de dérives et de manipulations mentales (…) ! Cependant, un corps ecclésial existe déjà du fait que des ministres du culte sont désignés – conformément à la loi de 1905 – pour célébrer les mariages et les enterrements dans le strict respect des protocoles rituels typiquement japonais.
Dans l’histoire de la Soka Gakkai en France, ses responsables nationaux, en accord avec Tokyo, ont toujours été frileux sur des rapprochements avec la psychologie occidentale. La Soka Gakkai ignore dédaigneusement que depuis les années 1960 se sont épanouis en occident divers courants issus de la psychologie des profondeurs et de diverses traditions spirituelles exotiques. Ces psychothérapies, psychologies cliniques et autres pratiques de développement personnel (450 formes de soins psychologiques) ont largement puisé dans le corpus des sciences de l’esprit orientales issues de l’hindouisme, du bouddhisme et du taoïsme. Ces écoles contemporaines n'ont cessé d'évoluer et ont acquis aujourd'hui de solides bases qui ont été confirmées par l’expérience clinique et des recherches annexes en neurosciences. Elles ont essaimé et transmis leurs connaissances jusqu’auprès de praticiens conventionnels initialement formés en Facultés de Médecine occidentales.
Ce qu’il faut savoir et mettre en évidence c’est que la pratique d’un mantra a un effet extrêmement profond sur la psyché humaine. En sanskrit un mantra est une "invocation magique" : c’est à dire qui agit sur l’âme. Cette âme c’est la psyché. Sans entrer dans une explication doctrinale trop complexe, il faut savoir que les vibrations sonores d’un mantra sont des ondes vibratoires qui interagissent avec les ondes cérébrales, comme avec celles du soma et de la psyché, autant qu’avec les champs d'énergie de l’environnement et de la nature. Alors, l’individu récitant un mantra se retrouve connecté à des dimensions imperceptibles pour ses sens cognitifs ordinaires et pour son conscient, et l’ensemble de son organisme en est affecté, bénéfiquement ou non, selon ses prédispositions génétiques, mentales, intellectuelles, culturelles… De plus chaque mantra est spécifique à une école religieuse, et il relie qui le récite à l'égrégore qu'elle s'est constituée à travers les siècles. Donc à une entité spirituelle et à une communauté humaine toutes deux composées d'informations plus ou moins incohérentes et contradictoires.
Il est donc indispensable de pouvoir cerner, comprendre, guider ou accompagner la personne qui suite à la récitation d’un mantra se retrouve dans une situation existentielle déstabilisante, ingérable avec ses simples capacités scolaires ou culturelles.
Dans les cas les plus délicats : dépressions, dépendances de toutes sortes, troubles sensoriels, surgissements de maladies, conflits inter-personnels familiaux, professionnels, questionnements métaphysiques, etc., le seul recours du pratiquant ordinaire de la Soka Gakkai ce sont ses aînés dans la foi : les responsables officiels. Lesquels n’ont que leurs expériences bouddhiques, leurs connaissances doctrinales, leurs propres valeurs morales, leurs interprétations du bouddhisme. Mais aucune capacité ou compétence d’accompagnateur en évolution et développement psychique et mental : ce qui s'avère potentiellement un vrai danger caché puisqu'il est inconscient. Il est particulièrement hasardeux d’encourager ou de guider une personne troublée par des circonstances de la vie incompréhensibles pour elle, sur la base d’un savoir limité influencé par des considérations morales, ou en citant comme "formule de soin de la croyance" des extraits de discours de Daisaku Ikeda ou de textes de Nichiren. Face aux troubles des croyants les responsables officiels considèrent souvent qu'il s'agit essentiellement de problèmes de croyance, de pratique et d'étude. Le pas vers une forme de manipulation spirituelle - un recadrage de la foi ternie pas des concepts opposés à l'orthodoxie de la Soka Gakkai - est ainsi rapidement franchie, mais avec les meilleures intentions du monde car il leur est impossible d'appréhender la dimension psychique de l'être.
Ainsi, dans la grande majorité des cas les dysfonctionnements psychiques et somatiques ne se guérissent pas, ils deviennent chroniques, et s’intègrent à la routine quotidienne. Ils sont même justifiés par la doctrine : les difficultés sont des signes de la transformation du karma (l’inconscient génétique), la preuve d'une pratique correcte ! Évidemment, certains seront redirigés vers leur médecin traitant, ou encore vers une connaissance personnelle pratiquant une thérapie holistique, bien que cela soit déconseillé : un responsable officiel ne doit pas s’immiscer dans des choix personnels comme celui d’une thérapie… Car, le pratiquant doit d’abord pratiquer pour trouver, ou faire apparaître "le bon médecin". Mais comment le pourrait-il alors que son niveau culturel et son état de conscience ne le prédisposent pas déjà à se poser les questions qui l’y conduirait ?
Donc, le vrai danger de la Soka Gakkai ce sont ses responsables bouddhiques officiels réellement incompétents pour accompagner les adeptes sur le plan psychologique, puisqu'ils sont plutôt portés insidieusement, car avec une grande sincérité, à les manipuler intellectuellement - les orienter dans la foi - sur l'unique base de la philosophie morale et sociale du "nichirénisme" de Daïsaku Ikeda. Et, sans s’en rendre bien compte, les guider et les maintenir dans une certaine dépendance religieuse dénuée d’esprit critique.
L'influence de certains responsables officiels est parfois réellement nuisible quand ils invoquent que l'origine des difficultés rencontrées, par le croyant qui leur demande conseil, est une déviance doctrinale qui peut provoquer des rétributions négatives (mentales, physiques, matérielles, sociales), dont la source serait le mandala dans son essence subtile : "le gohonzon cosmique". Ce qui implique que le croyant pour qui la philosophie bouddhique est une source d'inspiration éthique individuelle est dans l'erreur en intégrant à la doctrine de Nichiren et à celle de D. Ikeda des paradigmes issus d'autres courants de pensée, et qu'il court le risque d'en subir des effets néfastes (!).
Nous sommes proche, ici, d’une forme de dirigisme spirituel à visage humain du fait des prétentions annoncées, par D. Ikeda comme dans la doctrine de Nichiren, à libérer absolument de toutes les souffrances durant cette vie quiconque récite le mantra devant le mandala.
La question qui se pose est celle de la congruence de ce culte, et de ses méthodes d'accompagnement individuel, dans un XXIème siècle où les connaissances du fonctionnement de l'esprit et de la psyché ont considérablement évoluées. Les paradigmes psychologiques énoncés par Nichiren au XIIIème siècle dans un langage et selon une lecture morale propre à son époque sont devenus obsolètes à la notre, tout autant que la psychologie décrite dans le corpus exégétique doctrinal de Daisaku Ikeda est figée dans des conceptions héritées de la société confucéenne japonaise.
Pour autant qu'il ne relève que du seul choix intime et de la responsabilité de chaque adepte, le danger pour l'équilibre psychique, le libre arbitre et l'intégrité de l'individualité de ceux qui récitent le mantra de Nichiren existe potentiellement mais diffère d'un individu à un autre selon ses prédispositions mentales. Et même si cette société religieuse a tenté et parfois réussie (judiciairement) à faire admettre que ses pratiques cultuelles étaient inoffensives, et que cela s'est avéré apparemment exact pour de nombreuses personnes à qui ce type de conditionnement religieux convient très bien, il serait judicieux d'étudier la réalité in situ selon des critères différents de ceux de la Soka Gakkai... Évidemment, toutes les organisations cultuelles française sont logées à la même enseigne que l'ACSBN.
Aussi, après l’irrationalité des méthodes d'investigation des diverses enquêtes françaises sur les Nouveaux Mouvements Religieux depuis 1995, il est devenu indispensable que de nouvelles expertises officielles - Ministère de l'Intérieur, Parlement, Sénat - voient le jour avec une méthodologie réellement scientifique, rigoureuse et pluridisciplinaire, afin de déterminer les influences intellectuelles et mentales des cultes et pratiques religieuses sur leurs adeptes.
Conformément à la liberté d'opinion garantie par la Constitution de la République Française, cette interprétation personnelle, qui s'inscrit dans le débat républicain, est émise à titre de réflexion et de contribution à l'étude et à l'évaluation des mouvements religieux traditionnels et contemporains. Ce point de vue respecte la liberté de culte garantie par la Loi et n'a pas pour objet d'être diffamatoire, ni de porter préjudice à la moralité des croyants et de leurs associations cultuelles.
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