pascal a écrit :
Il y fut décidé que les Juifs devaient être séparés "biologiquement" de la nation Allemande.
«Le mur de l'apartheid
ruine les chances de paix»
Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, de retour des territoires occupés, accuse la politique sécuritaire d'Israël d'être à l'origine d'une crise humanitaire. Interview exclusive.
PAR KYRA DUPONT-TROUBETZKOY
(publié le 18 septembre 2003 dans le quotidien suisse 24 heures)
-La situation dans les territoires occupés est-elle catastrophique?
-J'étais en mission du 3 au 13 juillet en Cisjordanie et à Gaza où vivent 3,8 millions de personnes sous occupation israélienne depuis 1967. La situation alimentaire et celle de l'eau est totalement catastrophique: 61% de la population vit au-dessous du minimum vital et 15% des enfants au-dessous de 10 ans sont sous-alimentés. Cela dans un pays biblique qui regorge de richesses agricoles. La raison, c'est l'occupation par l'armée israélienne depuis la deuxième Intifada de septembre 2000. Premièrement, l'armée d'occupation israélienne encercle les villes et les villages des territoires occupés, obligeant les paysans à passer par les checkpoints pour accéder à leurs terres. Ces mesures d'encerclement et le couvre-feu rendent parfois difficile l'agriculture, l'accès aux soins, à l'eau et à la nourriture pour beaucoup de gens. Deuxièmement, l'expropriation des terres arables continue. Il y a toujours de nouvelles colonies de peuplement qui se créent. J'ai vu des milliers d'oliveraies coupées, de vergers dévastés, de bananeraies calcinées par l'armée pour des raisons dites de "sécurité". Troisièmement, la puissance occupante dévie 40% de l'eau des nappes phréatiques de Cisjordanie vers Israël.
-Quelles sont les raisons invoquées par Israël?
-Nos interlocuteurs au Ministère de la défense invoque des raisons de sécurité. Il est vrai que les deux peuples vivent une tragédie effroyable. Les attaques suicide palestiniennes ont coûté la vie à plus de 800 Israéliens, et plus de 2500 Palestiniens sont morts dans des bombardements israéliens. Mais l'argument sécuritaire est fallacieux, car ce qui en résulte, c'est une punition collective. Les colonies sont contraires à l'article 49 de la Convention de Genève: une puissance occupante n'a pas le droit de se saisir des terres pour installer ses propres citoyens. 80% des Palestiniens aujourd'hui, y compris à Jérusalem, sont à l'assistance publique internationale. Le CICR nourrit plus de 50 000 familles tous les jours. Tout ça est une absurdité totale. Je le dis, la puissance occupante viole gravement le droit à l'alimentation des Palestiniens.
-Vous parlez de "Bantoustanisation des territoires"?
-La "feuille de route" prévoit pour 2005 un Etat palestinien dans les territoires occupés. Le gouvernement Sharon rend cela totalement impossible par la construction de ce mur, à l'intérieur de la Cisjordanie, qui annexe à nouveau beaucoup de terres palestiniennes à Israël, qui prive le futur Etat palestinien de frontières internationales, et morcelle le territoire palestinien en cinq zones d'habitations, sur le modèle des bantoustans, et cela sur 40% seulement de la Cisjordanie. Autrement dit, ce mur rend impossible la naissance d'un Etat palestinien. C'est tout à fait tragique car ce mur de l'apartheid, réduisant ces territoires à cinq petits bantoustans, ruine toute chance quelconque de la naissance d'un Etat palestinien, et donc de la paix.
-Vous êtes peu critique à l'égard de l'Autorité palestinienne?
-J'ai entendu souvent des reproches de corruption contre l'Autorité palestinienne mais, dans le rapport, il n'y en a pas trace car elle n'a plus aucun pouvoir. Israël a réoccupé toutes les zones d'autonomie qui ont existé sous l'accord d'Oslo, et Arafat est un prisonnier. Si l'Autorité palestinienne avait du pouvoir, il faudrait appliquer une argumentation très critique à sa gestion.
-Mais on pourrait critiquer le manque de volonté de contenir le Hamas, le Jihad Islamique ou les Brigades des martyrs d'Al-Haqsa?
-Mon mandat est très précis: le respect du droit à l'alimentation solide et liquide. Tout ce qui est au-delà: politique du Hamas, de l'armée israélienne ne me regarde pas. Je constate une catastrophe humanitaire effroyable qui s'aggrave à cause des mesures d'occupation. Je fais des recommandations.
-
Quelles solutions?
-La fin de l'occupation. Les solutions sont vraiment dans la "feuille de route". La mission des Nations Unies à Jérusalem, qui l'a rédigée, le dit très exactement: fin de l'occupation, naissance de l'Etat palestinien et coexistence dans la sécurité mutuelle des deux Etats l'un à côté de l'autre. Mais un Etat palestinien sur tout le territoire occupé depuis 1967, pas sur 40%