Re: Le Coran n'interdit pas les représentations de Mahomet
Posté : 16 janv.15, 06:42
DESSINS DE MAHOMET
«C'est l'offense, pas la représentation qui offusque»
Par Olivier Bot | Mis à jour à 16:30
Peut-on dessiner le prophète de l'islam? Réponse de Silvia Naef, professeur à l'Université de Genève, auteur d'un livre sur la question.
1 Commentaire
Photo d'illustration (Photo: DR)
La représentation de Mahomet en une du numéro de Charlie Hebdo sorti une semaine après l’attentat contre ce journal a été reçue comme une offense par des musulmans qui ont majoritairement condamné les auteurs de l’attaque contre la rédaction du journal satirique. Pourquoi ? Auteur de « Y a-t-il une question de l’image en Islam », aux éditions Téraèdre, publié en 2004 et en cours de republication, Silvia Naef, professeur à l’Université de Genève répond.
Y-a-t-il eu dans l’histoire de l’islam des représentations du prophète ?
Oui, entre le XIIIe et le XVIIIe siècles, dans la sphère turco-iranienne et dans l’empire moghol en Inde. Aujourd’hui, il y en a qui circulent en Iran et qui sont utilisées comme des images pieuses, mais les chiites ne les utilisent pas pour prier. Il y en aurait eu aussi au Pakistan, disait récemment l’islamologue Olivier Roy.Mais ce qui est important de comprendre c’est que dans l’histoire de l’islam, cette image de Mahomet n’a jamais été utilisée dans les rituels religieux. On la trouve dans les livres, qu’ils soient d’histoire ou de littérature et dans certains textes mystiques.
La représentation de Mahomet est-elle interdite par l’islam ?
Il n’y a rien dans le Coran et les Hadiths qui dise spécifiquement qu’il est interdit de représenter le prophète. En revanche, il est dit de ne pas adorer les idoles. Il n’y a pas d’image du prophète dans le Coran et les Hadiths. Mais il n’y a pas d’interdiction explicite. Cependant, il est vrai que dessiner des êtres animés du souffle vital, comme des hommes ou des animaux, est dénoncé dans les Hadiths. Il est reproché à l’artiste de se mettre à la place de Dieu, seul créateur de la vie. Dans l’Ancien testament des chrétiens, l’interdiction de représentation est clairement exprimée. Dans la Cité de Calvin, on le sait et on ne trouve pas cela étonnant. Il n’y a pas d’image du Christ à la cathédrale. L’usage de l’image du Christ avait déjà été problématique par le passé, durant la crise iconoclaste à Byzance, notamment.
Est-ce la représentation du prophète ou l’offense qui justifie le rejet de la caricature par les musulmans ?
Ce sont clairement les images qui sont perçues comme offensantes. Dans une fatwa, le plus haut représentant de l’islam aux Etats-Unis a été amené à se prononcer sur la présence d’une représentation du prophète Mahomet sur une frise campant les plus grands législateurs de l’histoire de l ‘humanité, présente à la Cour suprême. Sa conclusion était la suivante : la représentation du prophète n’est pas interdite, même si les musulmans ne le font pas. La représentation de Mahomet parmi les plus grands législateurs de l’humanité, effectuée par des non musulmans est même un honneur, écrivait-il. L’ayatollah chiite irakien Sistani estime pour sa part que la représentation du prophète n’est pas problématique, c’est l’offense qui l’est.
Est-ce un blasphème de caricaturer Mahomet ?
Il n’y a ni de pape, ni de clergé dans le monde sunnite. Les interprétations sont diverses. Certaines considèrent que c’est un blasphème, d’autres non. Pour une majorité de musulmans, c’est offensant.
(Tribune de Genève)
«C'est l'offense, pas la représentation qui offusque»
Par Olivier Bot | Mis à jour à 16:30
Peut-on dessiner le prophète de l'islam? Réponse de Silvia Naef, professeur à l'Université de Genève, auteur d'un livre sur la question.
1 Commentaire
Photo d'illustration (Photo: DR)
La représentation de Mahomet en une du numéro de Charlie Hebdo sorti une semaine après l’attentat contre ce journal a été reçue comme une offense par des musulmans qui ont majoritairement condamné les auteurs de l’attaque contre la rédaction du journal satirique. Pourquoi ? Auteur de « Y a-t-il une question de l’image en Islam », aux éditions Téraèdre, publié en 2004 et en cours de republication, Silvia Naef, professeur à l’Université de Genève répond.
Y-a-t-il eu dans l’histoire de l’islam des représentations du prophète ?
Oui, entre le XIIIe et le XVIIIe siècles, dans la sphère turco-iranienne et dans l’empire moghol en Inde. Aujourd’hui, il y en a qui circulent en Iran et qui sont utilisées comme des images pieuses, mais les chiites ne les utilisent pas pour prier. Il y en aurait eu aussi au Pakistan, disait récemment l’islamologue Olivier Roy.Mais ce qui est important de comprendre c’est que dans l’histoire de l’islam, cette image de Mahomet n’a jamais été utilisée dans les rituels religieux. On la trouve dans les livres, qu’ils soient d’histoire ou de littérature et dans certains textes mystiques.
La représentation de Mahomet est-elle interdite par l’islam ?
Il n’y a rien dans le Coran et les Hadiths qui dise spécifiquement qu’il est interdit de représenter le prophète. En revanche, il est dit de ne pas adorer les idoles. Il n’y a pas d’image du prophète dans le Coran et les Hadiths. Mais il n’y a pas d’interdiction explicite. Cependant, il est vrai que dessiner des êtres animés du souffle vital, comme des hommes ou des animaux, est dénoncé dans les Hadiths. Il est reproché à l’artiste de se mettre à la place de Dieu, seul créateur de la vie. Dans l’Ancien testament des chrétiens, l’interdiction de représentation est clairement exprimée. Dans la Cité de Calvin, on le sait et on ne trouve pas cela étonnant. Il n’y a pas d’image du Christ à la cathédrale. L’usage de l’image du Christ avait déjà été problématique par le passé, durant la crise iconoclaste à Byzance, notamment.
Est-ce la représentation du prophète ou l’offense qui justifie le rejet de la caricature par les musulmans ?
Ce sont clairement les images qui sont perçues comme offensantes. Dans une fatwa, le plus haut représentant de l’islam aux Etats-Unis a été amené à se prononcer sur la présence d’une représentation du prophète Mahomet sur une frise campant les plus grands législateurs de l’histoire de l ‘humanité, présente à la Cour suprême. Sa conclusion était la suivante : la représentation du prophète n’est pas interdite, même si les musulmans ne le font pas. La représentation de Mahomet parmi les plus grands législateurs de l’humanité, effectuée par des non musulmans est même un honneur, écrivait-il. L’ayatollah chiite irakien Sistani estime pour sa part que la représentation du prophète n’est pas problématique, c’est l’offense qui l’est.
Est-ce un blasphème de caricaturer Mahomet ?
Il n’y a ni de pape, ni de clergé dans le monde sunnite. Les interprétations sont diverses. Certaines considèrent que c’est un blasphème, d’autres non. Pour une majorité de musulmans, c’est offensant.
(Tribune de Genève)