Lorsqu’on lit les écrits de Ramana Maharshi ou de Nisargadatta Maharaj (philosophie que je qualifie de moderne du Védanta), il est clairement indiqué que l’on peut aller au-delà de l’individualité. Ce jeu permettant l’expression de l’individualité s’inscrit dans un jeu, un rêve cosmique qui est la lîlâ hindouiste et qui est soumis au fonctionnement impersonnel et continu de la Totalité (sans but, sans finalité).
Nous sommes attachés à une individualité car nous en sommes identifiés. En somme dans cette philosophie, c’est l’identification qui donne naissance au concept de l’individu. Et en cela participe cette lîlâ déployant l’illusion cosmique.
Et justement la méditation qui n’est ni introspective, ni aperceptive permet de comprendre que nous ne sommes pas ce « Je suis ». Il ne s’agit pas d’observer ses pensées ou toute donnée psychique, ni de constater la phénoménalité des choses et son décor, mais seulement de sentir la présence « Je suis ».
Dans ce retour à soi-même, la conscience s’observe elle-même et comprend qu'elle ne l’est pas. La conscience (ce « Je suis », cet « amour de l’être ») désigne ce sentiment d’être vivant, d’être présent, le sentiment d’existence, c’est l’amour de la vie de l’être source et cause de tous les désirs.
Remonter à l’intérieur signifie ici rentrer à l’intérieur. Notre tendance habituelle est de sortir de nous-mêmes au travers de nos sens pour regarder le monde phénoménal qui nous environne. Il s’agit alors de renverser un tel mouvement : de se désidentifier du corps, de nos pensées, de l’essence « je suis ». Et de se stabiliser dans la conscience impersonnelle. C’est là que se produit tout autre évènement qui se produit dans le champ de conscience. Ce qui arrive se produit de façon spontanée et il n’y a plus aucun individu pour le revendiquer. Se déroule alors un processus d’évolution spirituelle dont parle Ramesh Balsekar qui s’étend dans la totalité.
Je vais citer Nisargadatta Maharaj pour illustrer (A la source de la Conscience, éditions Les deux océans) : « Beaucoup atteignent l’état qui est, mais personne ne va jusqu’à l’état qui n’est pas. Il est très rare que quelqu’un atteigne cet état, un état qui transcende toute connaissance, tout savoir. Il est dit que tout ceci est irréel. Quand est-ce certifié irréel ? Quand on comprend qu’il s’agit d’une phase temporaire parce que le processus de cette compréhension se déroule dans l’Absolu, et seulement de l’Absolu est reconnu qu’il s’agit d’un état irréel et temporaire. Tout ce qui est sensoriellement vu et interprété par l’intellect n’est qu’une apparence dans la conscience, et donc n’est pas vrai. Ceci est soumis au temps et tout ce qui est soumis au temps est illusoire parce que le temps lui-même est un concept. Ce « Je suis » va se dissoudre, et disparaître. Je suis l’état parfait, l’état quand « je suis » n’était pas. Je sais indubitablement que « je suis » n’était pas. […] Le stade le plus élevé est l’état non-né au sein duquel il n’y a plus aucune expérience mentale. Explorez le concept « Je suis ». Au cours de cette recherche de votre identité, il vous arrivera peut-être même d’abandonner le Soi. En abandonnant le Soi vous devenez cela. Pour moi-même je n’ai aucune identité exclusive. Tout ce que je pourrais revendiquer serait le jeu des cinq éléments qui est universel. »
Les cinq éléments – trois gunas, prakriti, purusha – sont les principes hindouistes qui constituent le « je suis », cet amour de l’être : sattva (amour de l’être), prajas (manifestation dynamique), tamas (revendication de l’action comme sienne), prakriti (principe féminin actif), purusha (principe masculin passif).
« Dans l’état originel il n’y a aucun sentiment de conscience, on ne se ressent pas être. Mais dès que « je suis » apparaît, l’ensemble de la manifestation est présent, visible, expression même de la conscience. Au niveau de l’absolu « je suis » est entier, un, mais son expression est multiple. Je manifeste ma nature primordiale par la multiplicité. L’être humain est un certain type de formes manifestées et chaque type de forme se manifeste selon les modalités de sa nature, en accord avec les combinaisons des trois gunas. Comment un individu pourrait-il se glisser là-dedans ? L’unique façon de comprendre ce mystère est de découvrir l’identité existant entre vous et la conscience universelle dont l’expression est l’espace tout entier. Mais tant que vous demeurez à la forme humaine il vous sera impossible de résoudre ce mystère. […] N’est-il pas surprenant de voir que l’enseignement (du Védanta) détruisant l’individualité est précisément ce que les individus recherchent ! L’explication est que l’individu n’a jamais existé. La véritable connaissance c’est constater qu’il n’y a jamais eu d’individus (seulement une combinaison d’éléments) »
Lorsque la conscience s'observe elle-même
Lorsque la conscience s'observe elle-même
Ecrit le 08 juil.15, 20:39-
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