BAGDAD (Reuters) - L'armée américaine en Irak a refusé d'expliquer pourquoi elle détenait depuis 15 jours un caméraman de Reuters, en précisant qu'elle ne prendrait pas en compte le caractère particulier du travail de reporter de guerre en Irak.
"Ce que nous prenons en considération, c'est l'individu qui est arrêté et les actes qu'il commet, peu importe sa profession", a déclaré le général Rick Lynch, porte-parole en chef de l'US Army, au cours d'une conférence de presse.
Lynch a qualifié le caméraman et photographe indépendant de "détenu de sécurité", ce qui traduit dans la terminologie américaine des liens présumés avec la guérilla. Le gouvernement irakien a fait savoir qu'il allait examiner l'affaire.
Ali Omar Abraham Machaddani, 36 ans, a été arrêté le 8 août à son domicile de Ramadi, capitale de la province d'Anbar, après le visionnage par l'armée américaine de certains de ses rushes. Il est détenu au secret dans la prison d'Abou Ghraïb, où il ne pourra pas recevoir de visite pendant les 60 prochains jours.
DETENTIONS ARBITRAIRES
"Nous sommes très inquiets et consternés par la détention prolongée inexpliquée d'un journaliste travaillant pour nous et nous exhortons l'armée américaine à le libérer ou à fournir un compte rendu complet des accusations pesant contre lui", a déclaré mercredi David Schlesinger, directeur de la rédaction de Reuters.
Reporters sans frontières (RSF) a pour sa part adressé jeudi une lettre au général John Abizaid, chef du commandement central des troupes américaines en Irak, pour demander la libération immédiate du caméraman de Reuters.
L'organisation basée à Paris condamne "le comportement des forces américaines, qui procèdent régulièrement à des arrestations de journalistes sans daigner fournir de justification" et fait valoir que "cette situation n'est pas à l'honneur des Etats-Unis, qui n'hésitent pourtant pas à donner des leçons au reste du monde sur la liberté d'expression et la démocratie".
Le Centre de protection des journalistes, dont le siège est à New York, réclame lui aussi la libération de Machhadani et d'autres journalistes détenus arbitrairement si l'armée américaine n'est pas en mesure "d'expliquer de façon crédible les motifs de leur détention".
TROIS CAMERAMEN DE REUTERS TUES DEPUIS 2003
L'an dernier, trois Irakiens travaillant pour Reuters avaient été arrêtés après être s'être rendus rapidement sur les lieux d'un accident d'hélicoptère américain abattu par la guérilla irakienne près de Falloudja.
Les trois journalistes, ainsi qu'un quatrième Irakien travaillant pour la chaîne NBC, avaient déclaré avoir subi des abus physiques et sexuels de la part de soldats durant leur détention.
Ils avaient été libérés sous la pression des organes de presse. Reuters cherche toujours à accéder aux résultats de l'enquête militaire diligentée après cet incident.
Trois autres cameramen travaillant pour l'agence Reuters ont été tués en Irak depuis le début de l'invasion en 2003. Taras Protsiouk a été tué le 8 avril 2003 par un obus tiré par un char américain sur l'Hôtel Palestine, à Bagdad, tandis que Mazen Dana est tombé sous des tirs américains le 17 août 2003.
Dhia Nadjim, qui était le correspondant de Reuters à Ramadi avant Machhadani, a, lui, été abattu dans des circonstances troubles lors d'affrontements entre l'armée et des insurgés le 1er novembre dernier.
Un caméraman détenu sans justification de l'armée américaine
- Saladin1986
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Un caméraman détenu sans justification de l'armée américaine
Ecrit le 25 août05, 12:47-
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